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Mounicou->Fourcat

HRP vendredi 14 Août (ENGLISH translation provided below, before the pics of the day):

Pour aujourd'hui je (Muriel) prends le contrôle du blog. 35 jours que nos jambes nous portent à travers les Pyrénées. Il nous reste encore 12 étapes pour mériter notre baignade en Méditerranée.
Nous avons fait plus des deux tiers de la traversée, plus de 500km. Mais les km ne veulent rien dire. Tous les jours nous montons (et descendons) en moyenne 1200m. Nous avons déjà monté (et descendu) l'équivalent de 4 fois l'Everest depuis le niveau de la mer! 
Nous marchons en moyenne 7h par jour, hors pauses, en portant nos sacs qui pèsent entre 10 et 13 kg suivant la quantité d'eau et les provisions. 
Nous ne comptons plus les passages de cols au dessus de 2500m. Et les pierriers épuisants qui les agrémentent. Le terrain est dur, la piste, si tant est qu'elle existe, oblige à surveiller chaque pas, pour ne pas trébucher. Ça monte dru et ça descend à casser les genoux. C'est un concentré des plus dures sections du Pacific Crest Trail. Bref, c'est du masochisme total! 

Mais la récompense c'est bien sûr la splendeur de ces montagnes qui veulent qu'on les mérite. Et les bivouacs de rêve au bord des lacs ou des torrents, au creux des crêtes majestueuses. Comme le chantait magnifiquement Jean Ferrat: "Ah! Que la montagne est belle...".
Et la montagne nous récompense aussi depuis presque le début de délicieuses  cueillettes de myrtilles sauvages, et de rencontres avec d'autres fous d'espaces alpins. Sans compter que même les vaches y ont des ambitions d'alpinistes. L'herbe doit avoir une saveur bien meilleure plus elle pousse haut car certaines y laissent même leur vie dans les cols scabreux. Incroyable!
Alors on essaye d'oublier nos corps endoloris, nos jambes qui brûlent, nos genoux qui grincent, nos pieds qui crient au meurtre, cette "souffrance exquise" comme le disait un ami! 
Et on continue, chaque pas est une petite conquête....

Nous avons donc retrouvés nos amis Babette et Andy à Auzat hier. Ils nous ont emmené nos provisions pour les quelques jours suivants. Et ils vont faire un bout de piste avec nous.
Outre la présence de nos amis, aujourd'hui, c'est une journée spéciale.
Parce-que c'est la plus dure journée de notre traversée, en tous cas pour moi. 
D'ailleurs, le Guide de référence (Véron) prévient: 
"Cette magnifique étape de haute montagne [...] est une des plus délicates de votre traversée. Et elle impose une très forte dénivellation. Il ne faut l'entreprendre que par temps sûr." 
Ben voila, on était prévenus! 1700m de montée, rien que ça. Et du technique pour la fin, avec câbles et échelles!
Pourtant ça avait commencé avec une bonne longueur de piste sur terrain exceptionnellement confortable. Partant de 1100m à Mounicou au dessus de Auzat vers les 8h, nous montons d'abord à travers une belle forêt de conifères pour ensuite grimper à flanc de pente herbeuse bien penchée. Nos sacs rechargés de victuailles pour 4 jours sont de nouveau lourds, mais moins qu'aux précédents réapprovisionnements pour lesquels il fallait prévoir au moins 7 jours. 
Nous arrivons sans difficultés jusqu'au grand étang du Picot  à 2300m. Nous avons grimpé 1200m en 4h environ. Et Babette et Andy, de très bons marcheurs, nous ont accompagné avec enthousiame. Pause déjeuner au dessus du lac. Nos amis nous quittent là pour redescendre par un autre sentier. Ils prévoient de nous retrouver le surlendemain pour cette fois 2 à 3 jours de piste en commun.

Les grosses difficultés commencent alors. Le sentier devient plus abrupt. Il faut souvent s'aider des mains. Je peine avec mon sac lourd et déjà plus de 1200m dans les jambes. Mais nous décidons de continuer, passé l'étang supérieur où nous aurions pu bivouaquer, et malgré un ciel qui se charge. Nous voilà bientôt au pied des barres rocheuses de la crête à franchir (la crête du Malcaras). La marche est de plus en plus périlleuse. C'est de l'escalade, heureusement sécurisée par quelques successions de câbles auxquels nous nous accrochons. Ça devient aérien, vertigineux. 
Nos sacs non seulement nous alourdissent mais nous rendent aussi moins flexibles pour évoluer dans ce relief délicat. Entre les câbles, quelques maillons d'une échelle de métal aident à franchir un passage au dessus du vide. Enfin, on atteint la crête! Mais comme souvent, la descente est tout aussi vertigineuse que la montée. Et il nous faut ensuite franchir un vaste pierrier très pentu qui nous oblige à des contorsions d'escalade sur de gros blocs glissants parfois peu stables. 
Je suis éreintée et pas du tout rassurée dans ce chaos effrayant. Enfin nous arrivons en vue du refuge de Fourcat, une imposante bâtisse moderne perchée au dessus d'un lac magnifique. Joao nous déniche une alcôve hors de vue du refuge et en quelques minutes notre bivouac est établi. Il est 16h. Et le ciel qui menaçait s'est dégagé. Voilà notre récompense de cette dure journée. Autour de nous tout est beau et paisible.

Demain matin nous nous réveillerons tout endoloris, comme tous les matins. En moins de 10 minutes Joao aura plié duvet et matelas, enfilé ses habits et chauffé son petit déjeuner alors que j'aurai à peine soulevé une paupière en grognant que j'ai mal partout et que c'est pas une façon civilisée de passer des vacances et encore moins sa retraite. Et Joao me dira: "Quand on n'a plus mal, c'est qu'on est mort"! 
Sacs aux dos, nous serons les pieds sur la piste avant 8h, marchant vers l'est, vers la Méditerranée...
(Les photos du jour sont après la traduction anglaise)

ENGLISH TRANSLATION:
For today I (Muriel) am taking over the blog. For 35 days now our legs have carried us through the Pyrénées. 12 more sections / days before we can take a swim in the Mediterranean Sea!
We've completed more than two thirds of the traverse, more than 500km. But distance doesn't mean anything. Everyday we go up (and go down) on average 1200m. We have already climbed up and down the equivalent of 4 times the Everest from sea level. We walk on average 7h per day not counting resting breaks, with backpacks weighing between 10 and 13kg depending on food and water loads. We've stopped counting the mountains passes above 2500m we've crossed. And their associated exhausting screes. The terrain is tough. The trail, when there is in fact a trail to follow, is treacherous for our feet to negociate without stumbling. The upclimbs are steep and the downclimbs are knee-breaking. It's no less than a concentrate of the toughest sections of the Pacific Crest Trail. Well, it's pure masochism!

But as a reward, the demanding mountains offer us their best scenery. And dream bivouacs by lakes and streams nested at the foot of majestic crests. As the French singer Jean Ferrat sang: "Ah! So beautiful is the mountain..."
And the mountain also rewards us almost since day one with delicious wild blueberry harvests, as well as great encounters with other people passionate with alpine adventures.
Even the cows roaming here have alpinist ambitions. The higher up the grass, the more delicious it must be, for some of them even risk their lives up the challenging mountain passes. Incredible!
So we try to forget our sore bodies, our burning legs, our squeaking knees and our feet screaming bloody murder, this "exquisite suffering" as a friend used to say. And we keep going, every step ahead is a small conquest.

So we've met our friends Babette and Andy at Auzat yesterday. They brought us our resupply for the few days ahead. And they will walk a stretch of the trail with us. Besides our friends' company, today is a special day. Because it is the toughest day of our Pyrénées traverse, at least for me.
In fact our reference guidebook (Véron) provides a warning: "This gorgeous high altitude section [...] is one of the most difficult of your traverse. It requires a major altitude gain climb. And it should only be attempted in good weather." Well! At least we were warned! A 1700m upclimb, no less! And very technical at the end, with cables and ladders!
It started, however, with a good stretch of the trail offering an exceptionally comfortable terrain. We left from 1100m at Mounicou above Auzat around 8am and went up through a beautiful pine trees forest before climbing a steep grassy slope. Our backpacks loaded with food for 4 days were heavy again but less than after previous resupplies for which we needed at least 7 days.
We arrive with little difficulty to the big Picot lake at 2300m. We've gone up 1200m in about 4h. And Babette and Andy, excellent hikers, have kept with us enthusiastically. Lunch break above the lake. Our friends leave us there to go down on another trail. They plan to meet us again the day after next for 2 to 3 more days of hiking together.
The major difficulties then start. The trail turns steeper. We often have to use our hands. I struggle with my heavy backpack and already more than 1200m upclimb fatigue in my legs. But we decide to continue, after the second lake above where we could have pitched our tent, and in spite of a worrisome cloudy sky. Soon we're at the base of the rocky crest we must cross over (Malcaras). Hiking becomes more exposed and risky, requiring rock climbing moves; thankfully somewhat secured with metal cables we grab onto. It's become vertiginous, the void below.
Our backpacks are a cumbersome load to negotiate this tricky cliff-like terrain. Between the cables, some metal ladder rungs help us get over a section above the void. At last we reach the crest! But as usual, the downclimb is as vertiginous as the upclimb. And then we have to get through a large steep scree where we're forced to twist up around and over big unstable slippery blocks. 
I'm worned out and not at all at ease in the middle of this frightening chaos. At long last we make it to the refuge Fourcat, an impressive building of stylish modern design overlooking a magnificent lake. Joao finds us a little grassy nook out of sight and, within a few minutes, our bivouac is set. It's 4pm. And the threatening sky has cleared. This is the reward of our tough day. Around us, the scenery is gorgeous and peaceful.

Tomorrow morning we'll wake up sore, like every morning. In less than 10 minutes Joao will have folded his matress and sleeping bag, slipped into his clothes and warmed up his breakfast, while I will have barely lifted one eyelid groaning that I am sore all over and that this no civilized way to spend one's vacations let alone one's retirement. So Joao will tell me: "When you're not sore anymore then you're dead!"
Backpacks on, we'll hit the trail before 8am, heading east, towards the Mediterranean Sea...

Debut de montée facile. (Easy beginning of the trail.)
Babette et Muriel. 

Arrivée au lac Picot. (Arrival at Lake Picot)

Les choses se corsent! (The going gets rough!)

Pas de répit! (No relief!)

Vertigineux! (Fear of heights anyone?)

Et de l'autre côté....le pierrier infernal!
(The other side...apocalyptic scree)

Enfin la récompense du jour après 1700m de montée éreintante: le bivouac de rêve!
(At last the reward of the day after 1700m of exhausting upclimb: the dream bivouac!)

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